NE LE 12 JUILLET 1904 A PARRAL (CHILI), MORT LE 23 SEPTEMBRE 1973
Le poète
Avant je circulais dans la vie, un amour
douloureux m'entourait: avant je retenais
une petite page de quartz
en clouant les yeux sur la vie.
J'achetais un peu de bonté, je fréquentais
le marché de la jalousie, je respirais
les eaux les plus sourdes de l'envie,l'inhumaine
hostilité des masques et des êtres.
Le monde où je vivais était marécage marin:
le fleur brusquement, le lis tout à coup
me dévorait dans son frisson d'écume,
et là où je posais le pied mon coeur glissait
vers les dents de l'abîme.
Ainsi naquit ma poésie, à peine
arrachée aux orties, empoignée sur
la solitude comme un châtiment,
ou qui dans le jardin de l'impudeur en éloignait
sa fleur la plus secrète au point de l'enterrer.
Isolé donc comme l'eau noire
qui vit dans ses couloirs profonds,
de main en main, je coulais vers l'esseulement
de chacun, vers la haine quotidienne.
je sus qu'ils vivaient ainsi, en cachant
la moitié des être, comme des poissons
de l'océan le plus étrange, et j'aperçus
la mort dans les boueuses immensités.
La mort qui ouvrait portes et chemins.
La Mort qui se faufilait dans les murs.
(extraits: Chant général, Les fleurs du Pinataqui, p.381
Gallimard, Collection Poésie.)
Œuvres de Pablo Neruda
- 1966, (es) Una Casa en la arena, textes de Neruda, photographies de Sergio Larrain
- 1991, Valparaiso, textes de Neruda, photographies de Sergio Larrain, éditions Hazan, ISBN 978-2-85025-258-7
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Influence de la France et de l'Espagne sur la littérature 1997 Caractères
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Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée 1998 Gallimard
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Né pour naître 1996/1996 Gallimard
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La Centaine d'amour 1995 Gallimard
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Premio nobel de litertura 1971
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J'avoue que j'ai vécu 1975, 1997 Gallimard
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Les Vers du capitaine 1984 Gallimard
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Chant Général 1984 Gallimard
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La Rose détachée et autres poèmes 1982 Gallimard
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Les Premiers Livres 1982 Gallimard
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Splendeur et mort de Joaquim Murieta 1978 Gallimard
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Mémorial de l'île noire 1977 Gallimard
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Odes élémentaires 1974 Gallimard
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L'Épée de flammes 1973 Gallimard
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Incitation au nixonicide et Éloge de la révolution chilienne, 1973 adaptation de Marc Delouze (Éditeurs français réunis).
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Résidence sur la terre 1972 Gallimard
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Les Pierres du ciel - Les pierres du Chili, photographies d'Antonio Quintana, 1972 Gallimard
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L'Espagne au coeur 1938 Denoël
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J'avoue que j'ai vécu, Gallimard, 1987
IL MEURT LENTEMENT CELUI QUI....
Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.
Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.
Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l'habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu.
Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d'émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les coeurs blessés
Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu'il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n'a fui les conseils sensés.
Vis maintenant!
Risque-toi aujourd'hui!
Agis tout de suite!
Ne te laisse pas mourir lentement!
Ne te prive pas d'être heureux!
Pablo Neruda "Prix Nobel de Littérature 1971"
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Je vais dire la légende
De celui qui s'est enfui
Et fait les oiseaux des Andes
Se taire au coeur de la nuit
Le ciel était de velours
Incompréhensiblement
Le soir tombe et les beaux jours
Meurent on ne sait comment
Comment croire comment croire
Au pas pesant des soldats
Quand j'entends la chanson noire
De Don Pablo Neruda
Lorsque la musique est belle
Tous les hommes sont égaux
Et l'injustice rebelle
Paris ou Santiago
Nous parlons même langage
Et le même chant nous lie
Une cage est une cage
En France comme au Chili
Comment croire comment croire
Au pas pesant des soldats
Quand j'entends la chanson noire
De Don Pablo Neruda
Sous le fouet de la famine
Terre terre des volcans
Le gendarme te domine
Mon vieux pays araucan
Pays double où peuvent vivre
Des lièvres et des pumas
Triste et beau comme le cuivre
Au désert d'Atacama
Comment croire comment croire
Au pas pesant des soldats
Quand j'entends la chanson noire
De Don Pablo Neruda
Avec tes forêts de hêtres
Tes myrtes méridionaux
O mon pays de salpêtre
D'arsenic et de guano
Mon pays contradictoire
Jamais libre ni conquis
Verras-tu sur ton histoire
Planer l'aigle des Yankees
Comment croire comment croire
Au pas pesant des soldats
Quand j'entends la chanson noire
De Don Pablo Neruda
Absent et présent ensemble
Invisible mais trahi
Neruda que tu ressembles
À ton malheureux pays
Ta résidence est la terre
Et le ciel en même temps
Silencieux solitaire
Et dans la foule chantant
Comment croire comment croire
Au pas pesant des soldats
Quand j'entends la chanson noire
De Don Pablo Neruda