18 Mai 2010
DARIUS MILHAUD JEAN COCTEAU FRANCIS POULENC
FRANCIS POULENC ET JEAN COCTEAU
LE GROUPE DES SIX
POULENC DESSINE PAR COCTEAU
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1939 1945 |
Le Menteur
JEAN COCTEAU ET JEAN MARAIS |
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1934 1935 |
Anna la bonne
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1937 |
Attendre
JEAN COCTEAU ET SUZY SOLIDOR
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1918 1940 1942 ? |
Toréador |
Anna la bonne | ||||
Paroles et Musique: Jean Cocteau 1934 © Colombia |
Ah, Mademoiselle ! {Refrain:} Ah, Mademoiselle ! Mademoiselle Annabel Mademoiselle Annabel Lee Depuis que vous êtes morte Vous avez encore embelli Chaque soir, sans ouvrir la porte Vous venez au pied de mon lit Mademoiselle, Mademoiselle Mademoiselle Annabel Lee Sans doute, vous étiez trop bonne Trop belle et même trop jolie On vous portait des fleurs comme sur un autel Et moi, j'étais Anna, la bonne Anna, la bonne de l'hôtel Vous étiez toujours si polie Et peut-être un peu trop polie Vous habitiez toujours le grand appartement Et la chose arriva je ne sais plus comment Si. Bref, j'étais celle qu'on sonne Vous m'avez sonnée une nuit Comme beaucoup d'autres personnes Et ce n'est pas assez d'ennui Pour... enfin... pour qu'on assassine Nous autres, on travaille, on dort, Les escaliers... les corridors Mais vous, c'étaient les médecines Pour dormir "Ma petite Anna, Voulez-vous me verser dix gouttes ? Dix, pas plus !" Je les verse toutes Je commets un assassinat Que voulez-vous, j'étais la bonne Vous étiez si belle, si bonne Vous receviez un tas d' gens Vous dépensiez un tas d'argent Et les sourcils qu'on vous épile Les ongles et le sex-appeal ! {au Refrain} Vous croyez que l'on me soupçonne La police, les médecins Je suis Anna, celle qu'on sonne On cherche ailleurs les assassins Mais vos princes, vos ducs, vos comtes Qui vous adoraient à genoux Plus rien de ces gens-là ne compte Le seul secret est entre nous Vous pensez que je m'habitue ? Jamais. Elle viendra demain Vraiment, ce n'est pas soi qui tue Le coupable, c'est notre main "Dix gouttes, Anna, mes dix gouttes" Et je verse tout le flacon Ah ! Cette histoire me dégoûte Un jour, je finirai par sauter d'un balcon Et cet enterrement ! Avez-vous une idée De ce qu'il coûte au prix où revient l'orchidée ? Elle devait partir sur son yacht pour Java La Java ! On y va. On y va... On y va ! |
ANNA LA BONNE (1923)
Encadrée par deux airs de java, "Anna la bonne" est interprétée pour la première fois par Marianne Oswald au Studio d'Art Comique de Georgius. Cette chanson parlée (comme l'auteur, Jean Cocteau, la désigne lui-même) est inspirée du fait divers des soeurs Papin, les deux domestiques qui, en 1933, massacrent leurs patronnes, la mère et la fille. Personne n'expliqua jamais la sauvagerie de leur geste et leur mutisme ne fera qu'ajouter à la fascination du cas Papin. En 1947, Jean Genet traitera également le sujet dans sa pièce "Les Bonnes". En 2000, le cinéaste Jean-Pierre Denis consacre à ce crime son film "Les Blessures assassines". Dans ce texte, Anna est la bonne du palace, que la jolie et riche Annabelly sonne à toute heure. Une nuit, sa maîtresse la fait venir pour qu'elle lui verse dix gouttes de véronal mais la bonne lui fait boire une dose plus forte et la tue. Par ce geste tragique, Anna met fin à toute sa rancune et se libère de sa condition. La voix rauque de Marianne Oswald, pour qui écrit aussi Jacques Prévert, ajoute ici à l'effet dramatique.
Mes sœurs, n'aimez pas les marins
Marianne Oswald
Mes sœurs, n'aimez pas les marins
À peine ils sont venus qu'ils partent Mes sœurs, n'aimez pas les marins Il faut vivre dans le chagrin Et les suivre sur une carte Mes sœurs, n'aimez pas les marins Mes sœurs, n'aimez pas les marins Nous n'avons pas vu ce qu'ils virent Mes sœurs, n'aimez pas les marins Je les aimais et je les crains Car ils n'aiment que leur navire Mes sœurs, n'aimez pas les marins Mes sœurs, n'aimez pas les marins La solitude est leur royaume Mes sœurs, n'aimez pas les marins Où les suivre et sur quel terrain ? On n'aime en eux que des fantômes Mes sœurs, n'aimez pas les marins Mes sœurs, n'aimez pas les marins Ils vous embrassent pour la forme Mes sœurs, n'aimez pas les marins Ils vous mettent le cœur en train Ils font l'amour et ils s'endorment Mes sœurs, n'aimez pas les marins J'en aimais un qui m'a tuée Mes sœurs, n'aimez pas les marins Leur départ vous casse les reins Et ils rient des prostituées Mes sœurs, n'aimez pas les marins
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Compte-rendu de lecture
par Jean-Marc Warszawski
Dandy touche-à-tout, coqueluche des salons à la mode dès la parution de son premier livre de poésies en 1909, la création par les Ballets russes duSacre du Printemps de Stravinski en 1913, semble être pour lui une révélation. Cocteau disait que toute son œuvre était poésie, peut-être est-elle chorégraphique. Chorégraphie de la poésie, du roman, du théâtre, chorégraphie du cinéma, du dessin, de la peinture, de la fresque, de la poterie, chorégraphie de la danse. Dans toutes ses productions, Jean Cocteau évoque et nourrit avec génie l'avant-garde qui s'épanoui entre les deux guerres. Il a laissé à la poésie, au roman, au théâtre, au cinéma une série d'oeuvres remarquables. Il n'est pas musicien, et pourtant son amitié, sa collaboration avec des musiciens comme Erik Satie, ou Darius Milhaud, son action organisatrice s'impose à l'histoire de la musique, particulièrement par le rôle qu'il joua dans l'animation du groupe formé par les compositeurs Germaine Tailleferre, Darius Milhaud, Arthur Honegger, Louis Durey, Francis Poulenc et Georges Auric. Le «Groupe des Six», selon le nom de baptême donné par le journaliste Henri Collet et qu'on adopta, sans tenir compte du fait que cette assemblée d'amis n'a jamais milité pour une esthétique commune. Le livre, dirigé par David Gullentops et Malou Haine, s'attache à un autre apport de Cocteau à la musique, celui des textes. Des textes qu'on a mis en musique, y compris ceux qui n'étaient pas prévus à cet usage. Ce livre en recense plus de 600 qui ont été mis en chansons populaires, sérieuses, en opéra, en oratorios, en cantates, en poèmes orchestraux. Plusieurs fois pour certains textes, dans tous les styles. De nombreuses musiques ont illustré les oeuvres théâtrales et cinématographiques de Cocteau. On y retrouve les «Six», Erik Satie, Reynaldo Hahn, Jean Wiéner, Igor Marjkévitch, Roger Désormière, Igor Stravinski, Kurt Weill, Djengo Reinhardt, John Cage, Jean Absil, Georges Van Paris, Martial Solal, Claude Debussy, Mauricel Jarre, Claude Nougaro, Phil Glass, Hans Werner Henze etc. La première partie du livre contient une série d'études éclairant certains aspects des relations de l'oeuvre de Cocteau à la musique. Bien entendu, le «Groupe des Six» et l'ouvrage manifeste sur l'art de Cocteau, Le Coq et l'Arlequin sont à l'honneur. Mais encore on porte réflexion sur la musique des ballets, des spectacles, des films, les oeuvres pour voix et orchestre, sur un oratorio inédit de Cocteau et Yves Claoué,Patmos, et la relation entre dessin et musique. On découvre également plusieurs textes inédits La seconde partie est un catalogue raisonné de l'ensemble des textes mis en musique (ou soutenus de musique) à travers le monde jusqu'à nos jours. Ce catalogue est complété par un index chronologique et un index des noms cités. Ont collaboré à cet ouvrage : Catherine Miller, Jacinthe Harbec, Jessica De Saedeleer, Catherine Steinegger, Angie Van Steerthem, Lynn Van de Wiele.
Jean-Marc Warszawski
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