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Moïcani - L'Odéonie

"Quand un salon littéraire devient un boudoir pour dames"

"NAPHPLIO" JEAN HELFER (1986)



Jamais plus! Les mots qui font mal. Eprouvant et définitif constat.
Pourtant rien ne semble vraiment diffèrent. Trompeuses apparences.
Une pathétique monotonie s'esquisse. Langueurs hivernales.
Mais on ne dort plus malgré la fatigue.
Les mots sont les mêmes, seul le sens a changé, tranchant comme le fil du rasoir.
Les  coeurs sont les mêmes, seuls les sentiments ont changé,
La diffèrence s'est métamorphosée en déjà vécu.
On a cru que cela aller durer indéfiniment. Il n'y a plus de beauté, il n'y a plus de style, il n'y a plus de pureté, juste un sentiment de médiocrité.
Des habitudes vont renouer alors que les liens sont dénoués.
La solitude est le prix à payer pour avoir aimé.

Sur les traces de la création, dans l'oeil du cyclone, souffle une douceur blonde.
Le passé sera toujours un avenir. On aime. On n'est plus aimé. Politique de nuit.
Je suis à la conquète d'un accident, condamné à errer de nouveau dans le couloir du mépris à l'heure de pointe.
Blessé par l'assourdissante résonnance du hochet brisé. Touche à tout, il faudrait te calmer avant de perdre définitivement. Le phénix peut avoir un défaut de fabrication.

Le bout incandescent d'une cigarette pour toute lumière et, déjà j'ai peur. Paresse tranquilisante.Je cherche un leurre.
Un point sur ton nez brise toute l'harmonie.
Jusqu'où irai-je rechercher le constructeur de digue ?
Je craque une allumette pour le dernier combat car j'entend bien rouvrir la parenthèse un de ces matins d'opales,
d'eaux pâles, d'hautes palmes, quand le lion qui rugit, se taira de peur de déplaire à la malice de Jouh.

Elle est belle.
Elle l'est car elle n'existe pas vraiment.Je l'invente au fur et à mesure que le niveau  de mon verre baisse, comme un
pantalon avant de commettre un attentat à la fureur de vivre.
Un jour, Jouh sera là. Définitivement. Parfaite créature de mes désirs les plus flous. Sans elle, il n'y a aucun but à reposer sur la cheminée bouchée par l'amas de nids qui n'attend plus le printemps. Une rondelle de citron pour testament. Le test, amant, il faut le passer pour ne plus risquer de tout simplifier.
Un peu de complication ne fera de mal à personne et surtout pas à ma voisine de palier que je déteste  et qui paillassonne sans cesse derrière le mur de ma respiration allourdie par l'impression agréable d'être épié.

Jouh, rappelle-moi de quand tu n'existais pas. Des égarements, des errances inutiles et lisses. Sinueuse, ma vision d'avoir des yeux par dessus mon épaule.
Jouh, secret prétendu, sagesse dissoute, lien défait, bien  repue du cadavre exquis.
J'aurai tout vu sur la route qui n'y méne pas.

Le loir ne dort pas, même caché sous ses cachets. Le bruit qu'on ne remarque plus dans la cave haletante  n'est toujours pas estompé.

Jouh, robe ouverte sur l'horizon improbable.Tu ne peux plus t'en aller sans ma permission. Demain n'existe plus. Où est la nuit ? Où est la nuit ?

Jouh, parce qu'il le faut, je ne te perfectionnerai pas. Imparfaite, tu resteras. L'affection imagée, infectée.

Je referme les yeux sur la vision migraine.
Un jour sans triche, on verra.

Tu es partie.

Tu es partie et tu as tout emporté avec toi. Tu ne m'as rien laissé. Tu as tout pris.Tu as emmené le bruit, les couleurs, les minutes et les heures, le jour, la nuit, les meubles, les murs, le plafond, les livres les disques, l'appétit, le sommeil, les rêves, l'envie, le passé, le présent, l'avenir, la confiance, les larmes de mes yeux, les sourires de mes lêvres, les caresses de mes mains, les mots de ma bouche, de ma plume.

Tu es partie et je reste seul au milieu de nulle part, dans les méandres du néant. Il ne me reste plus rien, plus rien. La douleur a tout transformé. Les souvenirs sont mutilés, défigurés. Tu n'as laissé que l'espoir. Dérisoire clou planté en moi et qui n'accroche rien et qui rouille inéxorablement. Il me reste ma voix pour t'appeler dans le vide et qui n'obtient pas de réponse, ton nom que je répête en lancinante prière. Mélodie qui s'achêve en un long cri sans fin.

Tu es partie. Tu n'es plus là et tu m'emplies entièrement, inépuisable flamme qui  me ronge de l'inérieur, qui m'accable, qui s'acharne.  Tu es partout en moi. Tu es !

JEAN HELFER Novembre 1986

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