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Moïcani - L'Odéonie

"Quand un salon littéraire devient un boudoir pour dames"

Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck par Arnold Schönberg

Reste que le poème symphonique Pelleas und Melisande, datant de 1902, n’est pas l’œuvre la plus indispensable du catalogue de Schönberg. D’une écriture très modulatoire et chromatique, elle laisse préfigurer la future évolution vers l’atonalité du compositeur, sans présenter en elle-même un intérêt majeur : encore largement romantique, elle souffre avant tout d’une longueur excessive – 40 minutes – qui en diminue considérablement l’attrait, alors que certains passages, pris séparément, sont sublimes. L’orchestration de Schönberg, s’affinera, elle, bien plus tard : ici, on est dans l’univers très chargé et pesant des Gurrelieder, sans l’aspect cristallin et diaphane de sa musique orchestrale plus tardive. Ceux qui préfèrent le Schönberg de la Nuit transfigurée à celui des Variations op.31 apprécieront, mais il n’est pas certain que l’œuvre, parfois émouvante, souvent bavarde, dans l’ensemble un peu terne et ennuyeuse malgré la beauté de l’écriture et le lyrisme mis en jeu, soit indispensable à une approche complète du style du compositeur ( Courtoisie Classiqueinfo)

 

 

 

 

“I composed the Symphonic Poem "Pelleas and Melisande“ in 1902. It is inspired entirely by Maurice Maeterlinck's wonderful drama, I tried to mirror every detail of the work with only few omissions and slight changes of the order of the scenes. Perhaps, as it frequently happens in music, there is more space devoted to the love scenes…The first performance, 1905 in Vienna, under my own direction, provoked great riots among the audience and even critics. Reviews were unusually violent and one of the critics suggested putting me in an asylum and keeping music papers out of my reach. Only six years later under Oscar Friend's direction it became a great success, and since that time, has not caused the anger of the audiences.”from: Arnold Schönberg : Self-Portrait. A collection of articles programe notes and letters by the composer about his own works. Edited by Nuria Schoenberg Nono. Pacific Palisades 1988, p.110-112


Programme musical à venir oblige, je me suis replongé ces derniers jours dans l'univers symboliste du PELLEAS ET MELISANDE de Maurice Maeterlinck. Claude Debussy a utilisé le texte de cette très célèbre pièce de théâtre éponyme de son opéra pour le livret. Drame qui a également inspiré d'autres compositeurs, comme Arnold Schoenberg, Jean Sibelius et Gabriel Fauré (comme le savent les fidèles lecteurs de ce carnet).

Maurice Polydore Marie Bernard Maeterlinck est un écrivain belge, francophone de Flandre. Il est né à Gand le 29 août 1862 et mort à Nice le 5 mai 1949. Poète, dramaturge et philosophe, il reçoit en 1911 le prix Nobel de littérature.

 

Pelléas, c'est l'histoire d'une passion amoureuse, comme celle de Roméo et Juliette, de Tristan et Isolde, de Lancelot et Guenièvre, de Hélène et Pâris, etc. Le Prince Golaud, fils du vieux monarque Arkel, rencontre Mélisande, une jeune femme égarée dans la forêt. Elle pleure au bord d'une fontaine. Il la console, l'épouse et la ramène chez les siens, au royaume d'Allemonde. Mélisande, aux longs cheveux et au regard triste, suscite le trouble chez Pelléas, le demi-frère de Golaud. Les deux jeunes gens s'aiment à demi-mots, meurent à mi-voix.

Si l'histoire ne semble guère originale, c'est que l'intérêt en est peut-être ailleurs.  Ici, rien n'est dit, tout est suggéré. A demi-mots, à mi-voix. Car le silence et les non-dits sont les maîtres mots de cette sombre et triste aventure aux courtes scènes. Maeterlinck, par son écriture, tente de nous faire voir ou entendre ce qui ne l'est pas, essaie de dévoiler sans les exprimer directement l'indicible, l'invisible, l'innommable. Le premier personnage de cette fable apparaît alors : c'est le secret et tous ses mystères, que les protagonistes subissent dans une interminable attente. Qu'ils entretiennent aussi... car qui est Mélisande, d'où vient-elle, que lui est-il arrivé ? Pourquoi ne veut-elle rien dire, ne rien s'avouer ? Le héros de cette intrigue, c'est donc le secret, obscur comme la forêt dans laquelle on se perd, prisonnier de ce royaume dont on ne sort pas. C'est ce silence pesant que le secret induit et qui fait que rien n'est dit franchement, que chacun ne sait plus lui même ce qu'il pense, croit ou doit faire. Mélisande elle même essaie de l'exprimer : "Je ne comprends pas non plus tout ce que je dis, voyez-vous... Je ne sais pas ce que je dis... Je ne sais pas ce que je sais... Je ne dis plus ce que je veux." Le centre de cette histoire, c'est le secret qui voudrait se révéler, fuir cet univers sombre et voguer loin au delà des phares, sur cette mer inaccessible, symbole de liberté et d'évasion.

Pelléas est donc le récit de cette vérité de l'amour entre Pelléas et Mélisande que Golaud ne comprend pas alors qu'elle le dévore de jalousie, de cette vérité secrète qui ne peut être dévoilée mais que tous doivent percevoir, décrypter. ( Courtoisie Le Monde De bra)
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